Tsampé près de La Luette

Connaissez-vous Tsampé ?
 
Ce lieu-dit se trouve à la partie inférieure de la commune hérensarde de Saint-Martin, en face du village de La Luette. Il désigne un magnifique replat herbeux qui s’avance en coin entre la Borgne et le Torrent de la Mounire, le « torrent de la meunière ».
 

Ce petit plateau est occupé par de vastes prés verdoyants et par quelques granges-écuries servant de mayens, avec quelques tablards étagés en terrasses dans la partie haute, jadis occupés par de petits champs de seigle ou d’avoine.

 
Le petit plateau tabulaire qui porte ces mayens remonte à la fin de la dernière glaciation ou au tout début de la période tardiglaciaire. Il s’agit d’une ancienne terrasse fluvio-glaciaire formée par d’anciens dépôts morainiques qui se sont accumulés au fond d’un petit lac, au front du glacier d’Hérens, lorsque le fleuve de glace remplissait encore la partie supérieure du Val d’Hérens.
 
Ces dépôts ont alors formé une petite plaine alluviale au front du glacier, à l’image de l’actuelle plaine de Ferpècle à Evolène. Avec le temps, la Borgne et le Torrent de la Mounire ont affouillé cette petite plaine alluviale, en érodant ses bords et en emportant la majeure partie des dépôts, au fur et à mesure qu’ils s’encaissaient et qu’ils approfondissaient leurs lits. La partie restante, qui forme le petit plateau de Tsampé, est donc un reliquat de l’époque où le glacier d’Hérens descendait encore jusque dans la région de La Luette, environ entre -15’000 et -13’000 avant notre ère.
 
A l’origine, la plaine alluviale et le lac glaciaire devaient remplir toute la partie de la vallée comprise entre La Luette et le plateau d’Euseigne, en raison des grandes moraines laissées à cet endroit par le retrait glaciaire, qui barraient la vallée et empêchaient l’écoulement des eaux de La Borgne.
 
Au fil des millénaires, durant le tardiglaciaire, ce barrage morainique a fini par céder et par être emporté par la Borgne. Il n’en reste plus aujourd’hui que quelques fragments épars, notamment les fameuses pyramides d’Euseigne qui correspondent à l’ancienne moraine médiane séparant les deux fleuves de glace qui descendaient du Val d’Hérens et du Val d’Hérémence.
 
Quant au lieu-dit, Tsampé, il s’agit d’un terme francoprovençal très courant, désignant un « petit champ », une petite surface de terrain agricole occupée soit par des prés, soit par des cultures. Le champ se disant Tsan, on en a tiré le diminutif Tsampé, souvent semi francisé en Champex, comme dans Champex-Lac à Orsières, Champex-d’en-Bas à Bovernier ou Champex d’Alesses au-dessus de Dorénaz.
Champillon (Corbeyrier), Tsanpis (Anniviers), Tsanpo (Ayent) sont d’autres formes diminutives du même genre.
Il en va de même de la forme médiévale Champel (Genève) que l’on retrouve, dans la partie inférieure du Haut-Valais, sous les toponymes à peine alémanisés de Gampel et de Niedergampel, noms d’une commune et de deux localités voisines. Quant au hameau de Gampinen (Loèche), entre La Souste et Agarn, il s’agit là-aussi d’une germanisation tardive du francoprovençal Champagne, désignant une « campagne », une zone de champs occupée par des prés et des cultures.
 
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