Les armoiries de l’évêché de Sion

L’évêché de Sion ou du Valais est l’un des plus anciens de Suisse. Son existence est déjà attestée à la fin de l’empire romain, dès l’Antiquité tardive.

Le premier évêque du Valais mentionné par des écrits a vécu au IVe siècle de notre ère. Était-il le premier ? Nul ne le sait !
Il s’agissait de Théodore d’Octodure, plus connu sous le nom de saint Théodule dont on a fait le saint patron protecteur du Valais et des Valaisans. En 380, il participe au concile d’Aquilée où il est mentionné sous le nom de Theodorus episcopus Octodurensis, soit Théodore évêque d’Octodure, ancien nom celtique de la capitale des Véragres à Martigny. En 390, Théodore assiste à un autre concile à Milan, en compagnie de saint Ambroise et d’autres prélats de l’église romaine. Une tradition, déjà mentionnée au VIe siècle, a toujours affirmé que c’était lui qui avait fait exhumer les reliques de saint Maurice et des soldats de la légion thébaine pour les transférer dans un sanctuaire au pied du rocher d’Agaune. C’est cette translation qui est à l’origine de la royale abbaye de Saint-Maurice, fondée un peu plus d’un siècle plus tard par le roi burgonde Siegismund, notre saint Sigismond.

Le siège épiscopal de saint Théodule n’était pas à Sion, mais à Forum Claudii Vallensium (Martigny), « le marché de Claude des Valaisans », capitale de la Civitas Vallensium, « la Cité des Valaisans ». Ce n’est qu’entre 565 et 585 que l’évêché et le chef-lieu administratif de la province du Valais furent transférés de Martigny à Sion.

Le territoire du diocèse de Sion est demeuré inchangé depuis l’époque de saint Théodule, il y a 1700 ans. Il englobe l’ensemble de la vallée du Rhône en amont du Léman, entre l’embouchure du fleuve dans le lac et le glacier qui lui donne naissance dans le Haut Valais. Ses limites sont toujours, en 2020, celles de la vieille Civitas Vallensium, « la cité des Valaisans », qui constituait la province romaine des Alpes pennines, du nom du dieu celtique Penninos (« le dieu des sommets ») vénéré par les Véragres au sommet du Col du Grand-Saint-Bernard.

Ce diocèse comprend l’ensemble du Valais, plus le Chablais vaudois jusqu’à l’Eau Froide, rivière qui s’écoule à Villeneuve et qui marquait, il y a 1700 ans, la limite nord de la province romaine du Valais et de la Civitas Vallensium. Le Chablais n’a été détaché du Valais qu’à l’extrême fin du Xe siècle, probablement par le roi de Bourgogne Rodolphe III qui a ainsi brisé l’unité de l’ancienne Civitas Vallensium pour créer deux comtés séparés, celui du Valais et celui du Chablais. En 1034, ce dernier fut cédé par l’empereur à Humbert-aux-Blanches-Mains, fondateur de la dynastie de la Maison de Savoie. Ce qui nous valut par la suite quatre siècles de guerres incessantes avec les comtes de Savoie qui cherchaient à contrôler la Terre du Valais, au grand dam de messire l’évêque et des patriotes valaisans.

En revanche, le diocèse resta inchangé, conservant ainsi les vieilles limites ancestrales de la Civitas Vallensium dont le nom signifie littéralement « la cité de ceux de la vallée ».

Les armoiries officielles de l’évêché du Valais comportent un fond rouge qui reprendrait la couleur du drapeau de guerre du prince-évêque de Sion. On retrouve ce fond rouge sur le drapeau du Valais et dans celui de nombreuses communes valaisannes appartenant de temps immémorial à l’évêché de Sion, comme Martigny, Loèche, Ardon, Chamoson, Sierre, Anniviers, Viège, Massongex, Veysonnaz , Ernen, Grengiols, Glis, Mund, Lalden, Täsch, Zermatt, Kippel, Tourtemagne, Hérémence, Grimisuat Martigny-Combe encore Savièse.

Sur ce fond rouge des armoiries de l’évêché se détachent une grande épée croisée en sautoir avec une crosse épiscopale. Cette dernière symbolise le pouvoir religieux de l’évêque sur les Valaisans, en tant que prélat de l’église romaine et seigneur spirituel de la Terre du Valais. Quant à l’épée, elle symbolise le pouvoir temporel du prince-évêque sur les Valaisans, en tant que comte et seigneur politique de la Terre du Valais. Cette épée est la fameuse « épée de la régalie » (= du roi), symbole du pouvoir régalien du souverain politique sur le Valais. Une vieille tradition prétend, de longue date, qu’elle aurait été donnée en main propre à l’évêque de Sion par Charlemagne, le fondateur de l’empire carolingien qui deviendra ensuite le futur saint-Empire romain germanique.

C’est cette épée qui figure notamment sur le drapeau de Savièse, en remerciement de la bravoure et du courage des Saviésans lors des combats de La Planta, qui virent leurs villages incendiés par les Savoyards. Cette grande épée est exposée au musée d’histoire du château de Valère où tout un chacun peut aller l’admirer…

Sur ces bonnes paroles, Avé à tous et une belle journée ensoleillée dans notre Civitas Vallensium, au beau milieu des Alpes pennines !